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PARIS-SEINE-NORMANDIE

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Message par Florestan d'Hudimesnil Mar 8 Fév - 1:24

La vision d’Alain LECOMTE : l’espace « Paris-Seine-Normandie »

Ou comment sortir du corridor séquanien d’une Normandie surtout utile à… Paris

En juin 2009, le collectif citoyen et républicain « Bienvenue en Normandie », suite à la présentation très médiatique d’un « Grand Paris maritime » proposé par l’architecte-urbaniste Antoine Grumbach, s’était mobilisé pour dénoncer une nouvelle tentative de capter au profit de la région parisienne, le potentiel portuaire, industriel et urbain de la Basse Seine normande comme au bon vieux temps du SDAU et du plan « Delouvrier » de la fin des années Soixante, schéma d’aménagement qui, ne l’oublions pas avait justifié la division administrative régionale normande…

« Un grand pari ? Avaler la Seine aval sans l’aval des Normands » avions-nous dit à l’époque en découvrant l’utopie « Seine-Métropole » proposée par Grumbach dans le but de doter les 12 millions d’habitants de la région parisienne d’une fenêtre maritime et espérer que le « Grand Paris » soit une ville monde comme les autres…

Un fenêtre, hélas seulement ouverte sur « l’axe Seine », lumineux corridor de Paris au Havre, tranchant la nuit normande : le visuel proposé par l’agence Grumbach à l’exposition de la cité de l’architecture était cauchemardesque !

Une fenêtre au lieu de penser la façade sinon le « visage de majesté » (Jules Michelet) qu’offre la France au Monde grâce à la Normandie en tant que premier potentiel d’économie maritime de notre pays : penser cette façade, l’organiser, l’unifier voire la recréer voilà l’enjeu national d’une Normandie qui a finalement les clefs de la projection du « Grand Paris » vers la mer la plus fréquentée du monde.

2011, 11ème centenaire de la Normandie : trois ans plus tard, avant que la Commission Nationale du Débat Public ne soit définitivement chargée de trancher de l’intérêt national d’une Normandie ferroviaire moderne mieux connectée à la région parisienne (LGV ; TGV ; fret) nous y sommes enfin…
L’axe Seine est désormais intégré à un espace d’études et de projets enfin conforme à l’échelle des enjeux : c’est l’espace « Paris-Seine-Normandie » proposé par Alain Lecomte, président du comité technique « Mission Grand Paris » nommé par Jean-Louis Borloo pour organiser enfin la réflexion sur le « Grand Paris » maritime après les propositions faites par Grumbach et Attali qui avaient l’inconvénient d’être trop « séquaniennes ».

L’espace d’études proposée par Alain Lecomte va dans le sens des propos tenus par le conseiller d’état Jean-Pierre Duport le 17 janvier dernier à Evreux : il faut définir un projet global de développement pour la Normandie dans le cadre du « Grand Paris » afin de donner tout son sens à la réalisation de la nouvelle infrastructure ferroviaire. Sans un vrai projet, à la bonne échelle, les investissements coûteux pour la sortie ferroviaire la plus performante de Paris vers la Normandie n’auraient aucune justification…
Alain Lecomte constate qu’il est nécessaire de travailler sur un périmètre plus large que celui de la vallée de la Seine. Le projet de ligne ferroviaire nouvelle « Paris-Normandie » qui desservira Mantes, Rouen, Caen, Le Havre, justifie d’inclure outre la Haute-Normandie et les Yvelines, une partie de la Basse-Normandie : l’approfondissement des coopérations entre les deux régions administratives normandes devient enfin un enjeu stratégique…

Mais on n’attendra pas que la Normandie institutionnelle se réunifie pour agir : il faudra précisément faire le contraire. Alain Lecomte : « attendre de définir une stratégie complète reviendrait à retarder le lancement des projets publics ou privés déjà prêts, dont certains pourraient bénéficier des ressources du grand emprunt ». Il faudra de la souplesse et associer les acteurs publics et privés car on n’a plus le temps d’attendre : Anvers est déjà, de fait, le port de Paris.

Il s’agirait d’avancer projets par projets en reprenant l’exemple allemand qui autorise les acteurs publics et privés intéressés à se mettre d’accord dans le cadre de conventions décennales obligeant fortement les partenaires concernés à agir (démarche labellisée à partir de principes qui font consensus). Un comité de direction regroupant les collectivités territoriales concernées et l’Etat pourrait faire le pilotage technique, les études nécessaires, instruire la labellisation et faire la promotion de l’espace « Paris-Seine-Normandie » à l’international.

« Paris-Seine-Normandie », pour quoi faire ?

Valoriser à sa juste mesure, la Seine seul grand fleuve navigable français, Paris comme métropole mondiale et la Normandie comme façade portuaire à l’entrée de l’Europe. Alain Lecomte souligne : « Ce territoire a bien d’autres atouts, car il est riche de sa vocation industrielle, notamment dans les secteurs de l’énergie et de l’automobile, de la diversité de son agriculture, de son patrimoine naturel et paysager, de son patrimoine monumental, de ses lieux d’histoire, du berceau de l’impressionnisme aux plages du débarquement… »

Néanmoins, cet espace, en raison de l’éparpillement normand connaît des faiblesses structurelles que les partisans de l’unité normande ont depuis longtemps diagnostiquées :

Une croissance démographique faible et des migrations négatives (fuite des jeunes diplômés ; arrivée de résidents retraités) ; une agriculture qui connaît sa plus grande crise sociale et économique ; une industrie vieillissante qui doit se préparer à de nouvelles restructurations et reconversions ; un émiettement des pôles d’enseignement et de recherche ; un faible niveau d’encadrement ; des grandes villes normandes pas assez dotées en « emplois métropolitains supérieurs » ; une image régionale vieillissante et brouillée ; une mauvaise desserte ferroviaire dans tout le quart nord-ouest du Bassin Parisien… (On retrouvera ce diagnostic complet et ses conséquences en relisant le rapport Ineum Edater sur les avantages et inconvénients d’une fusion régionale normande paru en avril 2008)

Après avoir auditionné les principaux élus et acteurs des territoires concernés par l’espace « Paris-Seine-Normandie », Alain Lecomte propose d’explorer 9 axes stratégiques :

1° Renforcer en qualité la filière automobile et énergétique : énergies renouvelables ; véhicule électrique ; recyclage ; chimie verte…
2° Trois secteurs de pointe en Normandie : l’économie maritime et portuaire ; l’agro-alimentaire ; la pharmacie
3° Mise en réseau de la recherche supérieure (le PRES) et des pôles de compétitivité.
4° Développer la logistique
5° Aménager de façon durable, espaces naturels ; ruraux, urbains et industriels (cf. l’Estuaire)
6° Créer en Normandie le corridor fret ferroviaire « Le Havre-Espagne » via Mézidon-Canon : contournement ferroviaire Ouest de la région parisienne.
7° Développer l’agriculture labellisée pour la qualité des produits et des paysages
8° Limiter l’étalement urbain autour des agglomérations existantes
9° Valoriser le tourisme notamment les destinations et événements culturels (La Normandie possède une notoriété internationale et 5 sites ou objets inscrits à liste du patrimoine mondial de l’UNESCO)

Conclusion : « Paris-Seine-Normandie », une initiative parisienne de plus ou une occasion à saisir pour enfin penser un projet régional normand ?

Une fois de plus on s’intéresse à la Normandie. La Normandie peut –elle encore apporter quelque chose à l’avenir en France ?
Penser l’avenir bas ou haut normand de la Basse ou de la Haute Normandie n’intéresse personne ou presque.
Faut-il donc que la « Normandie » soit toujours pensée de l’extérieur ? Pensée depuis des bureaux parisiens ? Pensée dans l’esprit des nombreux visiteurs français ou étrangers qui admirent ici sites, œuvres et monuments ? Ou pensée dans la tête de ces nombreux Normands qui vivent en région parisienne ou ailleurs faute de n’avoir pu trouver à s’accomplir personnellement ou professionnellement en Normandie ? La Normandie sera-t-elle enfin pensée par ses habitants et les acteurs de ses territoires ?

On peut répondre que la société civile et les forces vives normandes pensent déjà « Normandie » et ce de plus en plus.

On pourrait répondre aussi que les institutions politiques et administratives en Normandie, faute de donner les impulsions nécessaires pour intégrer enfin « l’évidence normande », ne feront pas grand-chose ou seront tentées de suivre les décisions de l’Etat central, comme d’habitude...

Mais il se pourrait bien que l’Etat central ne décide finalement de rien ou plutôt qu’il décide simplement de suivre et d’accompagner les porteurs de projets et les territoires qui sauront se montrer les plus convaincants possibles, l’argent public se faisant rare…

On s’intéresse enfin sérieusement à nous. A nous de nous intéresser enfin sérieusement à nous-mêmes. A nous de nous entendre pour qu’on nous entende. Non pas pour être, une fois de plus agi, mais pour agir…

Caen, le 03/03/11
Florestan d'Hudimesnil

Source : « Chronique de Normandie, 21/01/2011, n°213 »

Florestan d'Hudimesnil

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