Un site médiéval près d'Argentan.
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Un site médiéval près d'Argentan.
Boujou.
Des fouilles ont mis au jour un site datant du 9e et 10e siècle. Il s'agirait des traces les plus anciennes d'habitat structuré à Argentan.
Entretien :
Emmanuel Ghesquière, de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), responsable d'opération.
Un lotissement de huit hectares (« Les Portes d'Argentan ») est en projet sur le quartier de Coulandon. Le résultat de fouilles archéologiques a modifié le calendrier et les plans initiaux. Le lotissement va néanmoins se réaliser (à lire dans notre prochaine édition). Mais les découvertes archéologiques sont d'importance.
Dans quelles conditions ces fouilles ont été réalisées ?
Il est obligatoire de faire des fouilles avant ce genre de chantier. Encore plus quand ça a lieu sur une commune comme Argentan, qui a une occupation assez longue dans le temps. Et ici on est à 400 m de l'église mérovingienne de Saint-Martin.
Comment avez-vous procédé ?
Pendant une dizaine de jours, en janvier, nous étions deux archéologues de l'Inrap, plus une pelle mécanique de 3 m. Nous n'avons pas réalisé de fouilles au sens strict, plutôt un diagnostic : des tranchées sur 5 à 10 % de la surface, tous les 25 m. En creusant à 40 cm.
Le résultat est prometteur ?
Complètement ! On a trouvé des structures d'habitat carolingien, fin 9e début 10e siècle. Ces « fonds de cabanes » ne sont pas des maisons, les habitats devaient être sur des poteaux. Mais on a des traces de ces poteaux. Nous avons aussi des structures creusées dans le sol, pouvant correspondre à des silos à grains, qui ont ensuite servi de dépotoirs. Dans ces trous de 3 m x 2 m et de 40 cm de profondeur, on a des traces de mobiliers, de la céramique décorée, des pots à cuire, des os de boeufs. Et des objets en fer, ce qui est beaucoup moins courant : deux clés de gros coffres, le seul meuble que les gens avaient chez eux, où ils stockaient leurs habits. Nous avons aussi des éléments de serrures, une petite lame de couteau...
Ainsi qu'un énigmatique cimetière...
Nous avons en effet trouvé une petite nécropole de 25 sépultures, avec beaucoup d'enfants, certains ont moins de trois ans ; les squelettes sont entièrement conservés, en très bon état. Ce cimetière est à 400 m de celui de l'église de Coulandon. On ne sait pas pourquoi cette nécropole est isolée du cimetière paroissial. Ces gens étaient-ils malades, pas baptisés ? Ces tombes médiévales forment une petite bande de 20 m de long sur 3 de large, le long d'un fossé.
Un site manifestement important...
Les habitats carolingiens ne sont pas très courants par ici. Il y en a du côté de Caen (Mondeville, Giberville et Vieux), mais dans l'Orne c'est rare. Et la nécropole est particulière, du fait de son isolement.
Que deviennent les objets découverts ?
La moitié appartient à l'État, l'autre au propriétaire du terrain. Ils sont actuellement en dépôt à l'Inrap et seront remis à la structure qui effectuera les éventuelles fouilles à venir. Les objets plus exceptionnels peuvent être intégrés à des musées. C'est une possibilité. On peut imaginer, par exemple, que les clés aillent rejoindre le musée de Normandie, à Caen. Pour le reste, nous avons remis le site comme il était auparavant.
Y aura-t-il des fouilles plus poussées ?
Là, c'est la décision du promoteur immobilier. Maintenant que les vestiges ont été découverts, il y a une prescription de l'État et le promoteur ne peut plus construire sur cette zone... à moins de faire une fouille, au préalable. Dans ce cas-là, il doit avancer le coût de la fouille (NDLR : on parle d'une somme de 100 à 200 000 €) et sera remboursé par l'État. Un à deux mois de fouilles seraient suffisants.
D'autres diagnostics sont-ils prévus dans le secteur ?
Oui, en septembre : sur la future 2X2 voies Argentan-Flers, entre le péage de Fontenai-sur-Orne jusqu'aux carrières d'Écouché. Ainsi que la zone du futur chantier Agrial. Des zones très riches en archéologie, car les hauteurs de l'Orne sont les points les plus intéressants pour les installations humaines.
Recueilli par François BOSCHER. Ouest France.
Des fouilles ont mis au jour un site datant du 9e et 10e siècle. Il s'agirait des traces les plus anciennes d'habitat structuré à Argentan.
Entretien :
Emmanuel Ghesquière, de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap), responsable d'opération.
Un lotissement de huit hectares (« Les Portes d'Argentan ») est en projet sur le quartier de Coulandon. Le résultat de fouilles archéologiques a modifié le calendrier et les plans initiaux. Le lotissement va néanmoins se réaliser (à lire dans notre prochaine édition). Mais les découvertes archéologiques sont d'importance.
Dans quelles conditions ces fouilles ont été réalisées ?
Il est obligatoire de faire des fouilles avant ce genre de chantier. Encore plus quand ça a lieu sur une commune comme Argentan, qui a une occupation assez longue dans le temps. Et ici on est à 400 m de l'église mérovingienne de Saint-Martin.
Comment avez-vous procédé ?
Pendant une dizaine de jours, en janvier, nous étions deux archéologues de l'Inrap, plus une pelle mécanique de 3 m. Nous n'avons pas réalisé de fouilles au sens strict, plutôt un diagnostic : des tranchées sur 5 à 10 % de la surface, tous les 25 m. En creusant à 40 cm.
Le résultat est prometteur ?
Complètement ! On a trouvé des structures d'habitat carolingien, fin 9e début 10e siècle. Ces « fonds de cabanes » ne sont pas des maisons, les habitats devaient être sur des poteaux. Mais on a des traces de ces poteaux. Nous avons aussi des structures creusées dans le sol, pouvant correspondre à des silos à grains, qui ont ensuite servi de dépotoirs. Dans ces trous de 3 m x 2 m et de 40 cm de profondeur, on a des traces de mobiliers, de la céramique décorée, des pots à cuire, des os de boeufs. Et des objets en fer, ce qui est beaucoup moins courant : deux clés de gros coffres, le seul meuble que les gens avaient chez eux, où ils stockaient leurs habits. Nous avons aussi des éléments de serrures, une petite lame de couteau...
Ainsi qu'un énigmatique cimetière...
Nous avons en effet trouvé une petite nécropole de 25 sépultures, avec beaucoup d'enfants, certains ont moins de trois ans ; les squelettes sont entièrement conservés, en très bon état. Ce cimetière est à 400 m de celui de l'église de Coulandon. On ne sait pas pourquoi cette nécropole est isolée du cimetière paroissial. Ces gens étaient-ils malades, pas baptisés ? Ces tombes médiévales forment une petite bande de 20 m de long sur 3 de large, le long d'un fossé.
Un site manifestement important...
Les habitats carolingiens ne sont pas très courants par ici. Il y en a du côté de Caen (Mondeville, Giberville et Vieux), mais dans l'Orne c'est rare. Et la nécropole est particulière, du fait de son isolement.
Que deviennent les objets découverts ?
La moitié appartient à l'État, l'autre au propriétaire du terrain. Ils sont actuellement en dépôt à l'Inrap et seront remis à la structure qui effectuera les éventuelles fouilles à venir. Les objets plus exceptionnels peuvent être intégrés à des musées. C'est une possibilité. On peut imaginer, par exemple, que les clés aillent rejoindre le musée de Normandie, à Caen. Pour le reste, nous avons remis le site comme il était auparavant.
Y aura-t-il des fouilles plus poussées ?
Là, c'est la décision du promoteur immobilier. Maintenant que les vestiges ont été découverts, il y a une prescription de l'État et le promoteur ne peut plus construire sur cette zone... à moins de faire une fouille, au préalable. Dans ce cas-là, il doit avancer le coût de la fouille (NDLR : on parle d'une somme de 100 à 200 000 €) et sera remboursé par l'État. Un à deux mois de fouilles seraient suffisants.
D'autres diagnostics sont-ils prévus dans le secteur ?
Oui, en septembre : sur la future 2X2 voies Argentan-Flers, entre le péage de Fontenai-sur-Orne jusqu'aux carrières d'Écouché. Ainsi que la zone du futur chantier Agrial. Des zones très riches en archéologie, car les hauteurs de l'Orne sont les points les plus intéressants pour les installations humaines.
Recueilli par François BOSCHER. Ouest France.
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