La crevette de la Baie.

[LORD]

Boujou.

Depuis un siècle, le métier est transmis de génération en génération. Rencontre avec Albert Chamberlain.

Portrait :

« Ma grand-mère vendait le poisson et la crevette au Pont (Cours Jonville) avec sa charrette à bras », confie Albert Chamberlain, dit « Bébert ». Il fait partie du paysage. Vend chaque jour sa « grise », la crevette de la baie du Mont Saint-Michel, rue Paul-Poirier. « J'étais dans mon landau quand ma mère vendait la crevette pêchée par mon père. À 8 ans, j'ai commencé à la vendre, et dès l'âge de 14 ans, je suis descendu dans la baie pêcher avec mon père », dit-il en servant une mesure de crevettes à une fidèle cliente. Car Bébert a sa clientèle. « Et l'été, je vois souvent des vacanciers, dont les parents venaient ici acheter ma crevette. »

La saison de pêche s'étire d'avril à novembre. « Pour vraiment pêcher de la belle crevette, il faut des vents d'Ouest, pas trop forts, un peu d'eau pour la faire grossir. » Albert accepte son métier physique qu'il pratique par tous temps. « Je me suis fait surprendre dans le brouillard, dans la baie, tout jeune avec mon père. Ça m'a aguerri. Depuis, j'ai été plusieurs fois surpris par le brouillard qui tombe. C'est impressionnant. Dans ce cas, je remonte tout de suite à l'aide de ma boussole, mais je n'en mène pas large. »

Au regard d'une bonne trentaine d'années d'activité, Bébert ne referait pas marche arrière. Attiré par la mécanique, il a quitté l'école à 16 ans pour passer un CAP au CET, à l'époque rue Jean-Jaurès. « Après un stage de soudeur puis un essai en usine où je ne me voyais pas travailler enfermé, je suis vite retourné à la crevette. »
La pêche à la crevette dans la baie, c'est son univers. « C'est devenu une passion et ça m'apporte une grande liberté. » Depuis des décennies, sa vie est rythmée par les horaires des marées.

Hiver oblige, Albert a remisé sa bichette, il reprendra la pêche au printemps. Mais il ne manquera pas de descendre dans la grève pour « gratter » des coques.

Ouest-France